La Côte d’Ivoire : Un don humanitaire au soudan, ou une diplomatie calculée ?

La Côte d’Ivoire : Un don humanitaire au soudan, ou une diplomatie calculée ?

La Côte d’Ivoire a donné 82 millions FCFA en médicaments au Soudan. Geste humanitaire ou calcul diplomatique ?

Le 19 novembre 2024, la Côte d’Ivoire a fait un geste significatif, un don de 82 008 millions de FCFA en médicaments pour le Soudan, frappé par des inondations dévastatrices. Ce geste, salué par le chargé d’affaires soudanais, Elgaylx Mohamed Abdoulhmid, a été présenté comme une démonstration de solidarité entre nations. Mais faut-il y voir un simple acte altruiste ? Ou s’agit-il d’un mouvement stratégique dans le jeu international ?

Une aide médicale bienvenue, mais insuffisante ?

Le don comprend des antibiotiques, des sérums antitétaniques et des solutés massifs. Si ces produits répondent à des besoins d’urgence, ils posent une question évidente, ces ressources sont-elles suffisantes face à une catastrophe qui affecte des dizaines de milliers de personnes ? Les organisations internationales sur place, ainsi que les bénévoles, peinent déjà à répondre à l’ampleur des dégâts.

Un calcul géopolitique derrière l’humanitaire ?

Pourquoi un tel geste, et pourquoi maintenant ? Ce n’est pas la première fois que la Côte d’Ivoire intervient sur la scène africaine. En apparence, il s’agit d’une démarche de solidarité régionale. Mais certains observateurs y voient une volonté d’affirmer son influence diplomatique, notamment dans les instances internationales où les votes soudanais pourraient peser. Cette aide, bien que modeste, pourrait se traduire en soutien politique lors des négociations stratégiques.

Aide humanitaire Afrique

L’écho médiatique ou l’impact réel ?

Alors que les médias ivoiriens relayent largement cet acte de générosité, les populations locales au Soudan pourraient avoir une perspective bien différente. La portée réelle de cette aide sur le terrain reste limitée. Les priorités actuelles incluent des abris, une sécurité alimentaire, et des moyens pour prévenir la propagation des maladies. Ces besoins restent largement insatisfaits.

Un exemple à suivre ou une façade ?

Ce geste de la Côte d’Ivoire pourrait inciter d’autres nations africaines à se mobiliser, mais il soulève aussi une autre interrogation, combien d’efforts sont réellement investis dans l’aide humanitaire, et combien servent d’instruments pour construire une image politique avantageuse ?

Et après ?

Au-delà des médicaments et des discours, le véritable défi est d’instaurer une solidarité africaine durable. Pour le peuple soudanais, ce don est peut-être un signe d’espoir, mais il est loin de répondre à l’urgence de la situation. Le véritable soutien ne se mesure pas en millions, mais en impact concret.

C’est dans cette perspective que chaque citoyen devrait réfléchir, qu’attendons-nous pour voir une Afrique unie, où les gestes ne servent pas que les intérêts d’une poignée mais répondent aux vrais besoins des plus vulnérables ?

Ange Kanga